Le shotokan ryu

Le 18/10/2023

Dans Styles

Le Shōtōkan-ryū est un style d'art martial japonais, qui fait partie du karaté-do. Il est issu de l’école Shorin ou Shōrin-ryū de maître Matsumura (1809-1896), qui a donné naissance, grâce à ses élèves, à de nombreux styles différents de karaté. L’un de ses élèves, appelé Gichin Funakoshi (1868-1957), devenu maître à son tour, développa son propre style et l’appela Shōtōkan. Les autres élèves de Matsumura, devenus maîtres à leur tour, développèrent d'autres styles de karaté comme Shito-ryū, Gōjū-ryū, Kyokushinkai, kenpō, Shinkai, etc.

Gichin Funakoshi

Shomen Gichin Funakoshi est considéré comme le père du karaté moderne. Il est l'importateur du karate-dō au Japon et créateur du style Shōtōkan, il a fait évoluer la forme initiale du karaté d'Okinawa.

Né en 1868, Funakoshi vécut dans le district de Yamakawa-Chô sur l'île d'Okinawa. L'ère Meiji débutait, l'homme était alors très cultivé et de surcroît poète. Sensible au code moral de ses ancêtres, il observait rigoureusement les interdits d'autrefois, et considérait au vu de ces principes que le samouraï se doit en toute occasion de renvoyer une image impeccable.

À l’origine, Funakoshi pratiquait les deux écoles qui dominaient (Shorei-ryū et Shorin-ryū). Après une dure pratique de ces deux formes de karaté, Funakoshi parvint à développer une nouvelle forme de karaté, un modèle plus simple, combinant les idéaux de Shorei-ryū et de Shorin-ryū. Le karaté qu’il enseigna à ses étudiants reflétait les changements opérés par Anko Itosu, y compris la série de katas de heian/pinan. Funakoshi changea également les noms des katas de son programme d’étude, dans un effort de rendre les noms « étrangers » d’Okinawa plus agréables aux oreilles des Japonais.

Le maître Gichin Funakoshi, en tant que président de la Okinawa Shobukai, une association de karaté, fut convié en mai 1922 par le ministère de l'Éducation à prendre part à une démonstration, agréée par le gouvernement nippon, organisée à Tokyo. Cette démonstration mettait en scène les arts martiaux traditionnels du pays, parmi lesquels le karaté. C'est ainsi qu'il fut le premier héraut du karaté-jutsu, discipline originale en provenance d'Okinawa (de l'archipel des Ryūkyū). Il devait alors, pour satisfaire les requêtes de nombreux individus, s'installer dans la capitale et y travailler à vulgariser son art martial. Le karaté Shōtōkan fut officiellement reconnu en 1939.

Avant de s'éteindre en 1957, Gichin Funakoshi forma de nombreux élèves : Obata, Okuyama, Egami, Harada, Hironishi, Takagi, Ohshima, Nakayama, Nishiyama, Kanazawa Hirokazu, Taiji Kase.

Sensei funakoshi

Évolution du Shōtōkan

Shotokan japanese svg

À la suite de Gichin Funakoshi, certains de ses élèves développèrent, à leur tour, également, leurs propres styles de karaté. Il existe donc des sous-variantes du style Shōtōkan. En voici quelques-unes :

Maître Ohshima a développé le Shōtōkan Ohshima, orienté sur le style Gishin Funakoshi1 (la famille Funakoshi avait confié à Ohshima la traduction du 2e livre du maître, Karate-dō kyohan). Ce style est représenté en France depuis 1964 par l’organisation France Shotokan.

Maitre Taiji Kase (1929-2004) a développé le Shōtōkan ryū Kase ha, orienté sur le style Yoshitaka Funakoshi (le fils de Gichin Funakoshi) et sur sa morphologie bréviligne. Il est représenté en France entre autres par l’organisation IEKS (Institut d'enseignement du karaté-do Shotokan Ryu Kase Ha).

Maître Masatoshi Nakayama : créateur de la Japan Karate Association (JKA).

Maître Nishiyama a développé le Shōtōkan ryū Nishiyama, avec une orientation militaire.

Maître Kanazawa a développé le Shōtōkan ryū Kanazawa, avec une orientation vers le tai-chi-chuan.

Les 20 préceptes du karaté-do

Sensei Funakoshi, afin de laisser une trace écrite et de guider les pratiquants dans leur quête d'une compréhension plus approfondie des aspects spirituels de la voie du karaté-do, rédigea au soir de sa vie ce traité. Ces maximes succinctes qui s'inscrivent dans le cadre d'une tradition orale étaient originellement destinées à être complétées par des explications du Maître, dans son dojo ou au hasard de cours particuliers que celui-ci dispensait à ses disciples.

Les principes sont compacts, concis et tendent vers une nature profondément philosophique. Cette même concision fait qu'ils sont sujets à des multiples interprétations et ce, même dans leur langue d'origine : le japonais. Certaines exégèses peuvent très bien altérer la signification originelle souhaitée par le Maître. Je vous invite à lire le livre "Les 20 préceptes directeurs du KARATE-DO" pour les commentaires et interprétations de Genwa Nakasone, contemporain et allié de poids de maître Funakoshi. C'est cette position privilégiée aux côtés du Maître qui fit de lui l'une des personnes les plus à même d'illustrer de commentaires les vingt préceptes.

  • N'oubliez pas que le karaté commence et s'achève par le rei.
  • Il n'y a pas d'attaque dans le karaté.
  • Le karaté est au service de l'équité.
  • Apprends déjà à te connaître, puis connais les autres.
  • Le mental prime sur la technique.
  • L'esprit doit être libre.
  • Calamité est fille de non-vigilance.
  • La pratique du karaté ne saurait se cantonner au seul dojo
  • Le karaté est la quête d'une vie entière.
  • La Voie du karaté se retrouve en toute chose, et c'est là le secret de sa beauté intrinsèque.
  • Pareil à l'eau en ébullition, le karaté perd son ardeur s'il n'est pas entretenu par une flamme
  • Ne soyez pas obsédé par la victoire ; songez plutôt à ne pas perdre
  • Ajustez votre position en fonction de l'adversaire.
  • L'issue d'un affrontement dépend de votre manière de gérer les pleins et les vides (forces et faiblesses).
  • Considérez les mains et les pieds de l'adversaire comme des lames tranchantes.
  • Faites un pas en dehors de chez vous et ce sont un million d'ennemis qui vous guettent.
  • Le kamae, ou posture d'attente, est destiné aux débutants ; avec l'expérience, on adopte le shizentai (posture naturelle).
  • Recherchez la perfection en kata, le combat réel est une autre affaire.
  • Sachez distinguer le dur du mou, la contraction de l'extension du corps et sachez moduler la rapidité d'exécution de vos techniques.
  • Vous qui arpentez la Voie, ne laissez jamais votre esprit s'égarer, soyez assidu et habile.

 

C'est seulement au terme d'une pratique embrassant plusieurs décennies et entretenue par un esprit courageux et intrépide que l'on peut parvenir à assimiler, pour la première fois de son existence, les véritables principes régissant la Voie. Cela met en relief la vanité qu'il y a à croire que l'on pourra devenir maître d'un art martial après 5 ou 10 années de pratique-loisir. Pareilles superstitions leurrent le pratiquant et salissent la Voie. Vanité et fainéantise sont des chaînes qui entravent la progression, les pratiquants devraient se livrer à une autocritique de tous les instants et se faire sans cesse violence ; jamais ils ne doivent manquer d'être constant jusqu'à avoir un aperçu clair des strates les plus profondes du karaté-dô. Tous ceux qui ont pour ambition de cheminer sur la Voie devraient faire leurs ces principes.

Caractéristiques

Le Shōtōkan, comme les autres arts martiaux, est traditionnellement divisé en trois parties : le kihon ou « fondements », le kumite et le kata (formes ou modèles des mouvements). Les techniques de Shōtōkan dans le kihon et les katas sont caractérisées par des positions profondes et longues qui fournissent la stabilité, mouvements puissants et positions renforçant les jambes. La force et la puissance sont souvent démontrées au moyen de mouvements plus lents et plus retenus. Les techniques de kumite reflètent ces positions et mouvements à un niveau moins élevé, et sont davantage « libres » et flexibles.

Funakoshi considérait que les arts martiaux traditionnels (tels que le sumo, le jujitsu et le kenjutsu) concentraient trop leurs formes sur le combat, et il a voulu rendre le Shōtōkan moins axé sur le combat et plus sur la santé, la respiration, la libération d’énergie ainsi que la maîtrise du corps et de l’esprit. Pour Funakoshi, « le but réel du karaté n’est pas la victoire, mais le perfectionnement du caractère ».

Vidéo bonus :

Kata Bassai dai

Teaser du documentaire sur Jean-Pierre Lavorato, 10ème Dan

Funakoshi gichin

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